L’ILIADE à L’ÎLE Ô

D’après Homère.

Sunt lacrimae rerum (Les larmes coulent au spectacle du monde). L’Enéide, Virgile

Vendredi 14 novembre, nous nous sommes rendus au théâtre flottant L’Île Ô sur les berges du Rhône, pour assister à une représentation de l’lliade, d’après Homère. Ce spectacle a donné lieu à une analyse en classe pour échanger nos observations et impressions.

Nous nous attendions à un spectacle se déroulant sous l’antiquité comme dans le film « Troie ». Or l’histoire était représentée de manière moderne. Les personnages n’avaient pas d’armures mais des équipements de football américain. Le bruit à notre arrivée dans la salle nous a aussi surpris : l’ambiance était celle de supporters dans les tribunes d’un stade, et le public criait joyeusement, entraîné par une musique enlevée et rythmée. Un comédien sur la scène dansait et portait un masque de cheval, allusion au cheval de Troie …

Cette immersion nous aidait à comprendre combien les hommes n’ont pas changé depuis le récit d’Homère : la violence des affrontements, les fragilités humaines, les séparations et les souffrances causées par la guerre étaient rendues vivantes. La mise en scène suscitait des émotions fortes : de la peine, quand Achille pleurait la mort de son ami Patrocle et quand Hector quitte sa femme et son fils pour partir au combat. On aurait dit que c’était vrai. Les scènes de combat aussi étaient très réalistes. Les cascades marquaient la violence des affrontements. L’enjeu était dramatisé aussi par le bruit des chocs qui était amplifié par l’ingénieur du son et son ordinateur. La lumière donnait un aspect grandiloquent aux combats : à chaque coup porté, le public était éclairé par une lumière très forte, comme celle d’un éclair. La colère et la haine étaient représentées. Ce spectacle nous interroge. Par exemple, si j’avais été à la place d’Achille, je pense que je serais parti à la guerre dès le début au lieu de laisser mes compagnons de guerre risquer leur vie. Cette pièce nous fait réfléchir aux guerres actuelles et à leur violence.

Crédits photos : Janis Aroling, Vyking

Nous avons observé les costumes : ils avaient du sens. Les comédiens interprétaient des joueurs de football américain qui s’affrontaient impitoyablement sur le terrain : cela nous permettait de reconnaître chaque camp grâce aux couleurs et aux noms inscrits sur les maillots. Ils se battent à mort, et pourtant tous sont humains, avec la même sensibilité. Tous vont finir par mourir, et la grande question est ce qu’ils auront fait de leur vie …

Hélène, la plus belle des femmes, portait une robe dorée scintillante qui émerveillait. Elle était l’enjeu de cette guerre. A un moment, elle a pris la parole au micro pour expliquer combien cette passivité attribuée aux femmes dans l’antiquité lui pesait. Elle est sortie de son rôle et interpellait le public pour qu’il prenne du recul et réfléchisse.

Pour conclure, nous ne pensions pas que cette histoire qui se déroule à une époque si éloignée de la nôtre pouvait être représentée de manière contemporaine, pour nous questionner. Nous n’imaginions pas non plus que les spectateurs pouvaient être incités à s’exprimer ensemble et librement à voix haute pour participer bruyamment aux scènes qui se jouaient. Dans ce spectacle, il y avait pour le public la possibilité de vibrer, de crier. Cette histoire racontée par Homère il y a des siècles est toujours vivante. Mais si le spectacle du monde peut être désolant, il nous faut aussi rechercher sa beauté, la beauté qui le sauve. L’art est une réponse. Et les roses qui fleurissent dans l’allée du lycée aussi.

Razane, Rafif et les 1TCB

     

Rosier fleuri du lycée André Cuzin, novembre 2025

 

 

Compagnie Thespis, Mise en scène : Lysiane Clément, Thai-Son Richardier

Et si la guerre de Troie était un match de football américain ? L’Iliade version rock & roll et pop culture pour une épopée moderne.

Une et photo dans le corps de l’article : Crédits photos : Janis Aroling, Vyking