COSMOS Maëlle Poésy

Jeudi 20 mars, nous avons rencontré au lycée deux comédiennes du spectacle Cosmos, de Maëlle Poésy : Kadiatou Camara et Jimy Lapert. Elles étaient accompagnées par Charline, responsable des relations avec le public pour le théâtre de la Croix-Rousse.
Nous leur avons lu quelques textes sur le théâtre, le Cosmos et l’égalité hommes-femmes, puisque c’était le sujet de la pièce. Puis nous les avons interrogées. Elles nous ont parlé de leur métier, et d’elles.
Comment avez-vous commencé le théâtre ?
Jimy : Je n’aimais pas le lycée, alors j’ai suivi une autre voie : le cirque contemporain (ma spécialité est la voltige aérienne) et le théâtre.
Kadiatou : Par goût personnel : J’ai fait mes études de théâtre à l’école de théâtre de Villeurbanne.
Je créais des personnages en famille quand j’étais petite, puis j’ai relevé un défi en m’inscrivant en option théâtre en 6ème. Pour lutter contre ma timidité naturelle …
Est-ce que votre métier est dur et stressant ?
Jimy : Oui, ce métier est dur et stressant.
Le rapport au temps est spécial : il n’y a pas d’horaires, c’est difficile d’en vivre, il faut s’adapter à plein de personnes différentes et apprendre plein de choses différentes.
Kadiatou : Oui c’est dur et stressant.
Si un matin tu es fatiguée et malade, tu vas sur scène et tu es exposée, regardée par 200 personnes. Il faut faire semblant …
Comment apprendre correctement un texte ?
Jimy : Il y a plein de mémoires différentes. Ma mémoire est visuelle : je regarde le texte pour l’imprimer.
Kadiatou : Les méthodes sont variées : dessiner sur le texte, l’apprendre en dialogue …
Est-ce que ça fait peur d’être sur scène ?
Jimy et Kadiatou : Oui le stress ne part pas mais c’est aussi un moteur. C’est un stress qui mobilise pour tout donner. Comme pour l’athlétisme quand on doit faire une course et qu’on va vers l’objectif.
Comment vous est venue cette passion du théâtre ?
Jimy : C’est un travail et pas une passion.
On peut se demander à partir de quand on parle de passion … Il y a différents degrés de passions.
Est-ce que vous arrivez à vivre de votre métier ?
Jimy : Oui mais je suis privilégiée. Je travaille pour le théâtre subventionné et donc je suis payée pour mon temps de travail. Depuis 14 ans, j’estime que le travail que je réalise est rémunéré à sa juste valeur.
Kadiatou : Oui je suis bien lotie donc je chéris ça.
Comment avez-vous eu l’idée d’être comédiennes ?
Jimy : Je n’ai pas ressenti une illumination …
Kadiatou : J’ai réalisé d’abord des études, par sécurité, de psychomotricienne. Puis je me suis lancée dans le théâtre.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Jimy : C’est un métier très varié, avec plusieurs temps. D’abord, il y a la préparation du spectacle, puis le départ en tournée : nous allons de ville en ville. Ce sont des rythmes pas réguliers, c’est ce que j’aime. C’est la routine qui m’angoissait quand j’étais ado. Avec ce métier, il y a une grande variété et pas d’ennui.
Kadiatou : C’est la création d’un univers, quand la forme artistique a été trouvée.
Avez-vous d’autres métiers ?
Jimy : Théâtre, danse, cirque : que de la scène !
Avez-vous appris des choses sur le cosmos ?
Jimy : Ce spectacle raconte la vie de personnages historiques et je joue une femme qui vit encore. J’ai appris à la connaître.
Kadiatou : Je me suis informée en lisant des textes de scientifiques : il faut comprendre ce qu’on dit pour ouvrir les imaginaires.
Avant de commencer personne ne s’y connaissait en astrophysique ! Nous avons fait des rencontres puis lu des interviews. J’ai écouté des podcasts de la personne dont s’inspire mon personnage.
Qu’est-ce que ça représente le cosmos pour vous ?
Jimy : Je n’y connaissais rien et ça ne m’intéressait pas. Ça m’angoisse !
Mais l’absence de pesanteur est fascinante pour une acrobate : la flottaison.
Kadiatou : le cosmos me donne une sensation de vertige.
Avez-vous déjà eu envie d’aller dans le cosmos ?
Jimy et Kadiatou : Non !
Est-ce que pour vous être sur scène c’est un rêve ?
Jimy : Parfois c’est un cauchemar !
Il y a les deux … Ça dépend …
Parfois tout se coordonne, le collectif, etc. et c’est un rêve.
C’est un métier qui engage l’image et laisse une trace : donc il faut adhérer à la représentation de soi que l’on met en scène.
Est-ce que l’égalité hommes-femmes est acquise aujourd’hui dans le monde du théâtre ?
Jimy et Kadiatou : Non !
Dans aucun domaine d’ailleurs. Il y a une évolution en mieux mais non, cette égalité n’est pas atteinte.
Par exemple, il y a peu de comédiennes au-delà de 40 ans, les différences salariales existent toujours. La présence au plateau et les différents métiers ne sont pas représentés de manière égalitaire.
Merci pour cette belle rencontre et votre liberté de parole qui nous a dévoilé les aspects de votre travail de comédiennes.


Nous sommes allés au théâtre de la Croix-Rousse en soirée pour voir le spectacle « Cosmos », un spectacle inspiré « de l’incroyable histoire de ce groupe de femmes pilotes d’avion au Etats-Unis dans les années 1960. Ces femmes testées de façon insensée par le médecin de la NASA, et qui participèrent à un programme clandestin qu’on appella plus tard Mercury 13. Leur rêve étant de partir un jour dans l’espace » (Maëlle Poésy).
Ce spectacle, fondé sur des événements réels a aussi une dimension fantastique : c’est un théâtre réaliste et magique, qui pose la question de nos rêves face à ce qui peut nous entraver dans la société.
Nous attendions de découvrir le talent des comédiennes que nous avions rencontrées le matin même au lycée. Nous avons été étonnés de découvrir la scénographie du spectacle et la condition physique de l’acrobate, son endurance.
La pièce a débuté dans le calme, avec un long monologue puis elle est devenue énergique, avec beaucoup d’émotion. Le thème du spectacle est arrivé brusquement : un mur s’est cassé et des cosmonautes sont arrivées.
Il y avait de longs monologues, des chorégraphies, de la danse, des acrobaties, de la surprise. Des vidéos en noir et blanc étaient projetées : des images d’archives.
La scénographie créait différents espaces sur le plateau. Une poutre métallique rendait possible les acrobaties qui nous permettaient d’imaginer une évolution du personnage dans l’air, sans apesanteur.
Les costumes étaient nombreux : costumes d’astronautes, tenues de sport, et des robes des années 60, colorées, avec de grands motifs, longues, bouffantes, cintrées et élégantes.
Les projecteurs créaient des jeux de lumières, de grandes ombres. Le sable sur la scène volait et brillait.
Nous étions plongés dans un univers sonore de musiques (guitare, airs de Bollywood), mais aussi de silence (pour nous imaginer dans l’espace) et de bruit intense (le décollage de la fusée).
Le rêve, l’effort, la déception et la colère ont été mis en scène ce soir-là. Hors des rythmes et cadences du quotidien, ce fut un temps pour nous.
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