A la trace, un polar psychologique aux Célestins

Par Bassirou, Rafael et Adam, Terminale TBEE

Attention, le 24 avril les TBEE montent sur les planches de la salle Lorenti, merci merci au lycée Ampère, sans vous nous étions condamnés à avoir les pieds dans l’eau dans la salle des Célestines. Vous pourrez donc voir la variation que nous avons écrite à partir de la présentation du spectacle « A la trace ». En attendant, lisez l’article de compte rendu de spectacle que nous avons vu aux Célestins.

 

 

Jeudi 1er mars 2018, rendez-vous à 19H30 avec les ES et L d’Albert Camus aux Célestins pour voir la pièce « A la trace ». Malgré la neige, les stages, la perspective d’une longue route pour rentrer, et bien nous y étions.

L’arrivée au théâtre, c’est déjà du spectacle (avec nous)

Madame Rosenfeld était stressée, si, on vous en parle. On était en retard. Enfin, plus exactement, ceux qui étaient en stage n’étaient pas encore arrivés à 19H30. Ceux qui étaient en cours, n’étaient pas là le matin en raison de la neige et étaient en retard parce qu’ils s’étaient perdus en ville et aussi par habitude. Donc TOUT le monde a sorti son plus MAGNIFIQUE SOURIRE entre 19h50 et 20H00… et Lylian a réussi à la faire rire, valait mieux. Et puis, il y avait Madame Palluy et Madame Manuard et ses élèves, c’était agréable de voir des têtes connues. En fait, nous étions nombreux, environs 48.

Nous étions très contents de voir un spectacle après avoir visité le théâtre. C’est encore plus impressionnant quand il y a des spectateurs. La salle, avec son décor à l’italienne, est magnifique, les couleurs chaudes du plafond peint apportent de la convivialité à l’ambiance spectaculaire, le lustre plaît beaucoup à Lylian. L’espace nous fait rêver, on est content juste parce que l’on est assis dans un endroit beau.

Nous étions très bien placés. Madame Palluy avait prévu des places au parterre pour nous, très bien placées et autour de la metteuse en scène à l’orchestre, avec les élèves d’Albert Camus. De vrais élèves gâtés. Les gens dans la salle étaient très sympathiques, ils étaient plutôt amusés de voir arriver autant de grands adolescents, il y en a bien eu d’un peu tendus à l’idée de devoir supporter bavardages et rigolades mais pas beaucoup et nous étions « charmants ». Enfin presque. Il faudrait nous obliger à déposer nos portables aux vestiaires selon Madame Rosenfeld. C’est là que le spectacle a commencé.

Sur la scène, un immeuble entier qui concentre les espaces et les temps

Sur le plateau, le scénographe a installé une véritable maison. Forcément, des bac pro du bâtiment trouvent ça magnifique. C’est une structure métallique sur trois étages avec trois pièces par étage, sauf au rez-de-chaussée où il y en a deux et un passage d’accès du fond de scène au milieu du plateau. Pour accéder aux étages, les comédiennes pouvaient utiliser des escaliers, il y en avait à chaque extrémité.

Décor A la trace Lilian
Croquis de Lylian

Les scènes se déroulaient soient devant la structure, soit dans une des pièces et l’effet était assez dynamique. D’abord parce que la pièce ne se déroulait pas « à plat » mais aussi en élévation, ensuite parce que les lumières pouvaient éclairer tout le plateau ou intensifier l’attention en éclairant seulement une partie. Pour soutenir deux heures d’attention, c’est utile. Et puis, cela permet de ne pas changer de décor, on voyait dans les maisons et tous les extérieurs en même temps alors même que les personnages se déplacent dans le monde entier.

Il y avait même une superposition d’espaces. Lorsque la comédienne converse avec une personne par internet, l’image de l’écran est projetée sur un écran fixé sur l’ouverture des pièces vers le public, donc les deux espaces se fondent, le virtuel et le réel. Et puis, les deux temps se fondent puisque les personnages masculins ont été filmés, ils ne sont pas sur scène, alors que les comédiennes, elles, jouent en direct. C’était assez troublant mais correspondait bien à l’histoire.

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© FERNANDEZ Jean-Louis

Un polar psychologique

Dans la pièce, une jeune parisienne de 25 ans nommée Clara, a trouvé, à la mort de son père, un sac dans la cave. Là, nous avons tous retrouvé notre atelier d’écriture et notre travail d’atelier théâtre, mais on a pas du tout écrit la même histoire. Forcément, il n’y avait pas les mêmes indices dans le sac, à chacun le sien. Dans le sac de Clara, il y avait des objets divers dont une carte électorale au nom d’Anna Girardin. Elle ne sait pas trop pourquoi, parce que son père a gardé le sac, elle se met à rechercher cette femme et ne donne plus de nouvelles à sa mère. Parallèlement à cela, on découvre une autre femme, Anna, qui vit seule, se dit veuve, architecte ou galeriste. Elle voyage tout le temps et vit dans des hôtels. Elle change d’identité en fonction de ses interlocuteurs virtuels. Elle discute avec quatre hommes par internet.

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© FERNANDEZ Jean-Louis

Elle n’en rencontre qu’un (et encore puisqu’il n’apparait pas en vrai sur scène) et le rejette tout de suite. Bref, les corps des messieurs en vrai, c’est pas vraiment sa tasse de thé. Pour une classe de garçons c’est un peu dur comme traitement. Ils ont été filmés et les films sont projetés. C’est très étrange, la comédienne discute avec des images comme si elle dialoguait vraiment avec elles. Le spectateur a la sensation d’une présence alors qu’elle est fausse. Les scènes avec Clara et Anna alternent. Clara rencontre une Anna Girardin, toujours jouée par la même comédienne, Judith Henri, qui n’est jamais la bonne Anna et la bonne Anna discute avec les messieurs. Elles finissent par se rencontrer à la dernière adresse de la dernière Anna, celle de la mère de cette dernière et la grand-mère de Clara. Vous suivez toujours ? A l’issue de la pièce, on sait qu’Anna a abandonné sa fille à l’âge de deux ans en se jetant dans un fleuve. On vous dit pas tout, pour le pourquoi, allez voir la pièce.

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©FERNANDEZ Jean-Louis

Bord de scène

Ceux qui devaient travailler le lendemain devaient partir, ceux qui avaient cours devaient se lever tôt et Lylian devait retourner à l’internat donc Madame Rosenfeld ne pouvait pas rester. Bassirou, lui, est resté ! Avec Madame Manuard et Madame Palluy. Il est même retourné voir la pièce le lendemain. Durant le bord de scène, la metteuse en scène a expliqué que pour concevoir la pièce le travail a été très long. Elle raconte toutes les étapes sur un site. Elle a eu l’idée de la pièce entre Paris et Strasbourg et avait envie de travailler avec des gens très précis. Elle a aussi expliqué que si tous les messieurs sont virtuels c’est que les hommes n’ont pas vraiment une place dans l’histoire de la grand-mère, la mère et la fille qui cherchent à se rencontrer. Elle a aussi expliqué comment elle a décidé de finir la pièce, sur quels mots. On ne vous le dit toujours pas, il faut aller voir la pièce.

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© FERNANDEZ Jean-Louis

On a aimé

La pièce est moderne, elle utilise des outils d’aujourd’hui et met au théâtre internet. C’est par internet que Clara cherche Anna Girardin. C’est par internet qu’Anna communique avec les hommes, se dévoile et construit des identités. Internet dévoile et cache à la fois. Nous, on utilise beaucoup les réseaux sociaux et les téléphones portables (on vous dit qu’on les a éteints, on les a éteints), forcément, le thème nous intéresse. Reste que les personnages sont très seuls, c’est pas très drôle leur vie sur le net. Remarquez que c’est pas drôle non plus sans le net puisque les Anna que rencontre Clara ne l’utilisent pas et sont seules aussi. Elles ne se construisent pas de fausses histoires mais les leurs ne sont pas particulièrement enviables non plus. C’est un peu bizarre, on a aimé une pièce qui parle d’abandon, de solitude, de mensonges. Pourquoi ?

 

Pour en savoir plus sur la genèse du spectacle :
Pour en savoir plus sur les Célestins : https://www.theatredescelestins.com/