Rencontre avec le journaliste Stéphane Cayrol

Par Tanguy avec un petit coup de pouce de la classe de TTISEC et du rédac chef

Le 11 mai dernier, Stéphane Cayrol est venu dans notre classe. Il a animé l’émission de télévision à laquelle les classes de terminale TISEC et de première TBEE ont participé le 16 décembre 2016.

 

Vous ne vous souvenez de rien ? Vous n’avez pas vu l’émission ? Prenez la soirée pour nous lire et nous regarder !

En bref, en novembre, les TBEE (un groupe, l’autre était en stage), les TAFOR et les TISEC sont allés voir Murs, un spectacle d’Abdel Sefsaf au théâtre de la Croix-Rousse. Et là, faut se concentrer un peu. Ensuite les TAFOR ont rencontré les médiateurs de l’Union Européenne (CIED), les 1TBEE ont travaillé autour du projet Français du Futur et nous, en TISEC, on a attendu de voir la vidéo, rencontré Laurent Burlet et préparé des articles papiers. Pour la rencontre du 11 mai, les TBEE étaient tous en stage, du coup, les TAFOR ont vu l’émission et ont participé à la rencontre. Un méli-mélo de classes.

Abdel Sefsaf et Brian durant l’émission produite par Acte Public, capture d’écran

Si rien ne revient, vous pouvez relire nos aventures télévisuelles là :

https://gazettelpcuzin.wordpress.com/2017/01/30/cuzin-fait-de-la-tele-ryes-et-mikail/

Et puis peut-être que de relire aussi l’article sur Murs

https://gazettelpcuzin.wordpress.com/2016/12/01/abdel-sefsaf-et-son-equipe-font-tomber-les-murs-au-theatre-de-la-croix-rousse-timon/

Les élèves ont été héroïques : ne pas bouder, ne pas bavarder, ne pas rire.

Un retour à point nommé

Au moment de l’émission, Stéphane Cayrol, l’animateur, nous a dit qu’il serait content de venir nous rencontrer pour faire un retour. Vous vous doutez bien qu’on était content et qu’on a relancé. En mai, ça tombait drôlement bien, on révise le français et on a quelques questions sur la télévision.

Stéphane Cayrol, le métier de journaliste a-t-il toujours été votre vocation ?

Stéphane Cayrol est lyonnais. Tout petit, il était timide et rêvait de parler dans un micro, d’être entendu. Il était fasciné par les annonceurs dans les grands-magasins. Il a fait des études de lettres et du bénévolat dans la presse écrite et la radio locale avant de travailler pour TLM plus de douze ans. Il a œuvré au service culture de TLM, réalisé plus de mille sujets (ça impressionne) que la prof n’a pas vu parce qu’elle n’a pas la TV. Elle n’était pas la seule mais on peut se moquer un peu. Le plus amusant c’est que Stéphane Cayrol non plus n’a pas la TV. Aujourd’hui, il a monté sa propre entreprise et conçoit des « contenus » pour des producteurs et des chaines de télévision.

Bon alors pourquoi Stéphane Cayrol n’a-t-il pas la TV ?

Il n’aime pas beaucoup être enfermé dans des cadres trop rigides. Savoir qu’il faut avant telle heure : manger, promener le chien, finir tout ce qu’il y a à faire, ce n’est pas trop sa tasse de thé. Si on ajoute que regarder des émissions qui se ressemblent toutes et sont toutes construites de la même manière, ce n’est pas non plus son truc, il connaît tous les codes. On peut en déduire que la TV traditionnelle lui convient peu. Il préfère regarder, quand il est disponible, des streamings, lire la presse, choisir son programme. La diversification du paysage audiovisuel lui convient donc très bien. Pour résumer, il n’a pas la TV pour mieux la regarder. Il nous a conseillé de rester libres de nos choix, ne pas s’enfermer dans un « rituel » de téléspectateur. Rester sans contrainte.

Etes-vous la même personne dans la réalité et quand vous êtes devant les caméras ?

Stéphane Cayrol durant l’émission produite par Acte Public, capture d’écran

Bien entendu, on a un métier et au fil des années on développe des techniques, des trucs, des postures. Mais non, Monsieur Cayrol n’a pas fait de théâtre et ne cherche pas particulièrement à « jouer un rôle ».

Pour Stéphane Cayrol, un journaliste c’est quoi ?

Une personne qui choisit ses sujets, enquête et questionne et a un point de vue. Toutes les informations sont justes mais il y a un point de vue (c’est « expression » dans la liberté d’expression). Il a répété ce que Laurent Burlet nous avait dit, les journalistes sont d’accord en fait. « Le vrai » c’est l’information juste mais ensuite, il y a les opinions (en seconde on appelait ça le commentaire). Et du coup, on ne peut se faire une idée personnelle qu’en multipliant les lectures. Stéphane Cayrol préfère aussi traiter de sujets qui ne sont pas déjà traités mille fois. Là, Diego a posé une très bonne question :

 « Pourquoi travailler avec nous alors que l’on ne fait pas vraiment vendre de l’audimat, nous les lycéens professionnels ? »

« Et bien justement, c’est ce qui est intéressant ! » nous a-t-il répondu. Les grandes chaines sont des entreprises avant tout et ont besoin de beaucoup de téléspectateurs. Donc elles ont tendance à montrer ce qui va plaire. On le sait quand on regarde leurs émissions. On peut très bien les voir mais ne voir que cela donne une vision restreinte du monde. Stéphane Cayrol veut pouvoir traiter de sujets qui l’intéressent (comme l’émission qu’on a travaillé qui parle de culture, de société) avec des personnes qu’il a envie de rencontrer. Durant l’émission il a plusieurs fois fait des remarques comme

 « On entre dans le dur » du sujet ou « une remarque piquante d’un élève », « ils brisent la glace », « on ne s’est pas censuré » …

Il a trouvé nos questions plutôt bonnes. On était très contents et assez fiers, d’autant plus que Jacqueline Costa-Lascoux dit dans l’émission « c’est mieux que sur certains plateaux TV où toutes les questions sont tellement ennuyeuses qu’on a pas envie de répondre ». Travailler avec nous c’est pimenté et tonifiant, on était assez content.

Adam questionne les invités, capture d’écran de l’émission Culture et Diversité, production Acte Public

La TV transforme parfois le réel en fiction, c’est gênant

Diego a fait des remarques très intéressantes. Dans certaines émissions, le journaliste semble toujours arriver exactement au bon moment. Et bien c’est plus compliqué. Dans l’émission … où on suit des enquêtes de police, il y a des heures et des heures de tournage. C’est au montage que s’organise le rythme du récit du travail des policiers et du coup, on a une vision du réel qui ressemble beaucoup à celle d’une série de fiction. De là à faire la confusion, il n’y a qu’un pas. Si on ajoute à cela que les gens qui se savent filmés, qu’ils soient appréhendés ou policiers, modifient forcément leurs comportements parce qu’ils se savent filmés, on a du mal à se dire que l’on est dans le « vrai ». Certaines chaines construisent leur cahier des charges de montage pour tenir en haleine le téléspectateur exactement comme pour un film.

Il faut donc apprendre à décoder les effets pour garder les pieds sur terre.

Comme on baigne dans les reportages, même si on a l’impression de ne pas le faire, on devrait être capable de voir les effets qui peuvent troubler notre point de vue. Enfin, on l’espère, parce que se faire manipuler, ce n’est pas très agréable et pas très bon pour notre libre arbitre.

Reste que dans notre cas, les coupes ont visée à éviter les réponses qui se répètent, équilibrer les prises de parole entre les interlocuteurs. On a tourné environ une heure et quart pour une émission de quarante-cinq minutes. On remarque tout de même que les producteurs ont aimablement coupé les passages où on a bafouillé et celui où Brian a cru qu’il gaffait… merci, c’est sympathique.

Brian questionne les invités, capture d’écran de l’émission Culture et Diversité, production Acte Public

Nous avons tous été très heureux de revoir Stéphane Cayrol, c’était notre première émission TV et ce n’est pas si simple de trouver un fil conducteur et poser des questions. C’est plaisant de rencontrer des gens qui se rendent disponibles et aiment bien nos questions « piquantes ».

Ilies questionne les invités, capture d’écran de l’émission Culture et Diversité, production Acte Public

 

 

 

 

 

 

 

Message de S.Cayrol