L’Union Européenne et nous et nous et nous : une rencontre, une discussion et un débat (Océane)
Mardi 3 janvier 2017, tout le monde reprend les cours à 8 heures et nous, les AFOR, au lycée André Cuzin recevons François et Marjolène, membres du CIED. Le CIED est le Centre d’Information Europe Directe de Lyon.
Un article des AFOR : Ayrton, Julien, Loris, Smain, Kévin F, Kévin B, Sasha, Mariana, Loris, Bastien, William, Océane
Pendant le cours nous avons beaucoup parlé de l’Europe en histoire, en géographie et en éducation civique (ça s’appelle plus comme ça mais vous comprenez bien de quoi on parle, non ?). Il y a eu des débats et des questions dans le cours de Madame Rosenfeld. Il faut dire qu’on voit à la télévision de quoi alimenter les différences de points de vue (on l’a pas dit comme ça). En plus, on est allé voir Murs au théâtre et on n’est pas tous pour faire tomber les murs. Donc Madame Rosenfeld nous a fait écrire nos questions, les a compilées, et a envoyé tout ça aux spécialistes (« elle en avait vraiment assez » commente Loris). Et là magique ! On nous répond !
Ce sont donc deux spécialistes qui ont accepté de venir : leur métier c’est l’information, l’explication et répondre aux questions (Bastien). Ils sont venus à deux parce que les questions étaient difficiles. La consigne était de poser les questions que l’on se pose vraiment. Vous allez pouvoir lire les questions, ce que l’on a pu prendre en note (très difficile) et ce que l’on en a pensé. Nous voulions savoir si le Brexit était une bonne idée parce que le Frenchxit on (certains très fort) y pense, et deux thèmes nous préoccupent : les migrations en Europe et l’emploi.
Tout le monde n’était pas motivé de la même manière
Smaïn dit « quand François et Marjolène sont arrivés, j’étais déçu et je me suis couché sur la table pour dormir. Madame Rosenfeld m’a demandé de me réveiller ou d’aller dormir ailleurs (rapport aux bonnes manières et au mauvais exemple sur Morgan). J’ai bien fait de rester, je pensais que je n’allais pas aimer mais c’est le contraire qui s’est passé : j’ai aimé, j’ai participé et j’avais beaucoup de questions à poser. On a parlé des migrations et là j’étais à fond, ça m’intéresse ce problème mondial. Par contre, après sur l’emploi, j’ai vraiment rien compris, ça allait trop vite.»
Et si on quittait l’Union Européenne ?
Comme la France est un des grands pays fondateur, il y a de fortes chances que l’Union soit vraiment affaiblie. On ne sait pas pour autant ce qui ce passerait puisque personne n’a de boule de cristal, tout dépend de la réaction des autres pays.
On nous a annoncé une catastrophe pour le Royaume-Uni lors du Brexit et il n’arrive rien, pourquoi ? Le Brexit a été voté mais n’est pas encore fait, il va y avoir des négociations mais pour l’instant le Royaume–Uni est toujours dans l’Union Européenne.
L’emploi, une question sensible.
Bastien n’est pas du même avis que Smain. Il a trouvé François vraiment pro. Il avait préparé des réponses à ses questions sur l’emploi et avait même été cherché des réponses très précises sur les métiers du bâtiment. Il faut dire qu’en bâtiment, il est compliqué de délocaliser les chantiers mais beaucoup moins de faire venir des ouvriers d’autres pays. Donc la question était de savoir s’il fallait avoir peur des travailleurs étrangers et surtout des travailleurs des pays de l’Est. On appelle ça les travailleurs détachés. D’où une question :
Les entreprises qui ne nous embauchent pas, peuvent-elles embaucher moins cher des jeunes qui viennent des pays de l’Europe de l’est ?
L’Europe est un espace de libre circulation des hommes.
Les ouvriers de tous les pays de l’Union peuvent bien être embauchés mais ils sont soumis au même code du travail que nous sauf pour les cotisations sociales quand il s’agit de travailleurs détachés, donc les entreprises font des économies. Il y a 280 000 travailleurs détachés en France mais c’est 1% des gens qui travaillent sur le territoire. Je n’avais même pas idée que le code du travail s’appliquait pour tout le monde donc j’ai beaucoup appris en deux heures (Océane).
Les élèves se demandaient pourquoi l’Union Européenne doit recevoir des réfugiés ?
Smain rappelle que l’actualité c’est les réfugiés Syriens et qu’ils sont obligés de fuir.
Pourquoi sommes-nous obligés d’aider les autres ? S’interrogent certains élèves. L’Union Européenne est un groupe d’États qui s’est créé pour maintenir la paix et donc elle accueille des réfugiés qui sont en danger dans leurs pays. Il y a un droit international que la France a accepté et elle respecte ses engagements. Chaque pays de l’Union Européenne doit accueillir des migrants donc ceux qui ne le font pas ne respectent pas leurs engagements.
Autant dire que la discussion sur la Hongrie –combien l’Union Européenne verse de subventions et combien de réfugiés elle accepte d’accueillir– a permis de méditer « la règle commune ».
Les migrants prennent–ils beaucoup de place sur le marché du travail ? Il existe une préférence nationale pour l’emploi. Si on regarde les choses du point de vue sociologique, il y a plus de morts que de naissances en France aujourd’hui et donc il y aura recours à de la main d’œuvre étrangère.
Pourquoi ne pas régler les problèmes dans les pays des migrants plutôt que de les accueillir ici ? Ni la France ni l’Europe ni personne ne peut décider comme cela d’aller régler des problèmes quelque part. La France n’intervient que dans le cadre d’accords soit bilatéraux (en Afrique par exemple) soit dans des cadres internationaux (OTAN, ONU).
Et puis, il y avait une question que perturbe tout le monde : pourquoi la France est-elle plus touchée que les autres pays par le terrorisme ?
Durant les deux dernières années, la France a connu une vague d’attentats et en a déjoué beaucoup, ce qui a aussi permis d’éviter des victimes. Si la France est une cible, c’est parce qu’elle est engagée dans des conflits, notamment en Afrique Centrale. Les groupes extrémistes ont donc voulu se venger et ont pu attaquer le territoire en radicalisant des individus déjà présents dans les frontières. Cette radicalisation est d’autant plus difficile à combattre qu’elle passe par les réseaux sociaux, les prisons .
Sasha pense que le combat est difficile mais que l’on peut l’emporter dans les classes. Les cibles des terroristes sont souvent les jeunes et il trouve « écœurant d’utiliser des personnes qui sont mentalement perdues pour les envoyer faire des victimes ».
Etait-ce utile d’envoyer nos questions sensibles au CIED ?
Certains sont ravis d’avoir réfléchi sans infléchir : « J’ai trouvé que les deux médiateurs avaient bien préparé les réponses à nos questions. Ils ont su nous expliquer les choses sans nous dicter ce que l’on devait penser. Marjolène nous a expliqué les différents types de migrations et pourquoi la France respecte ses règles en accueillant des migrants. J’ai pas changé pour autant d’avis. Mais j’ai compris des choses ».
Loris était très content : « à notre âge, en tout cas en ce qui me concerne, la politique ne m’intéresse pas et surtout l’Union Européenne. J’avais des idées générales et floues. Rencontrer des personnes qui répondent avec autant de précision m’a permis d’avoir les idées plus claires, j’ai vraiment apprécié. » Bastien applaudit, Valentin acquiesce et Morgan trouve qu’il y a du juste dans tout cela.
Ayrton dit que malgré le cours « j’avais pas trop compris à quoi sert l’Union Européenne » et que ça va mieux.
Pour approfondir, vous pouvez aller au CDI lire la brochure sur l’Europe, il y a des jeux qui remuent les neurones pour le bac et surtout pour vos futures activités citoyennes.