La querelle des deux lézards mis en voix par les 2PROE

Quand on est né en Afrique, travailler l’œuvre d’un grand et très sage écrivain africain de langue française comme Amadou Hampaté Bâ, c’est vraiment intéressant, surtout quand on partage tout cela avec les autres élèves du lycée. Récit d’une mise en voix et en espace.

Tout a commencé en cours

Nous avons lu et travaillé le texte en cours avec Madame Rosenfeld. Dans la classe, il y a des gens qui ont grandi en France mais ont des parents ou des grands-parents qui viennent parfois d’autres pays et il y a des gens qui ont passé leur enfance ailleurs. C’était agréable de mêler les horizons, on découvrait du français mais aussi, on partageait avec les autres sa culture. Alhassane connaissait bien Amadou Hampaté Bâ, il avait déjà lu certains de ses livres. Il y avait beaucoup de mots très difficiles, très précis. Les phrases n’étaient pas simples non plus. L’action se passe en Afrique, dans un petit village, il y a très longtemps, c’est un conte. Le chef de famille doit partir et confie la maison et sa vieille maman aux animaux de la ferme qui doivent obéir au chien. Dans la case de la vieille maman, deux lézards se battent au plafond mais ni le coq, ni le bouc, ni le bœuf, ni le cheval ne veulent intervenir pour les séparer et le chien n’a pas le droit de bouger de la porte de l’enclos. Et là, c’est l’accident. Le chien l’avait dit :

« il n’y a pas de petite querelle comme il n’y a pas de petit incendie ».

 

Selon Aboubakar

La morale rappelle des situations que l’on a pu vivre, où on se dit qu’il faut intervenir sinon elle vont dégénérer. J’ai vu mes meilleurs amis se battre pour une raison pas importante. J’ai essayé d’intervenir et j’ai eu des problèmes avec un tiers. Il faut arrêter les discussions avant qu’elles ne finissent mal.

Nous avions un peu peur de faire du théâtre. Lire un texte long, est difficile mais alors devoir le lire à haute voix devant des gens que nous ne connaissons pas, nous n’étions pas tous partants. Quand la professeure a dit que nous allions le faire devant d’autres classes, certains ont juste dit : « pas question ! ».

L’arrivée de Colin

Nous avons travaillé une mise en voix. Nous nous sommes répartis des rôles. Nous avons tenté de bouger pour donner de la vie au conte. C’était très très difficile, même si on avait compris le sens de l’histoire, on s’est rendu compte que parfois, il fallait revenir dessus et que même si on avait la définition de certains mots, on les oublie vite. Caqueter par exemple, il a fallu le réexpliquer plusieurs fois.

La distribution

Dans le rôle du coq : Redwan champion toute catégorie de cris de coq. Il était très fort pour picorer, frimer, crier, comme le roi de la basse cour. Nous avions du mal à rester sérieux quand c’était son tour.

Le bouc était interprété par Aboubakar. Il a une voix grave et douce et il sait montrer le désespoir de l’animal quand il se rend compte qu’il va laisser sa peau dans une querelle qu’il a regardée de haut.

Ayman faisait le bœuf. Comme il est très calme, il pouvait être très impressionnant. Il faisait aussi le maître de la maison.

Mamadou était le cheval de course le plus noble de tous les temps, il en imposait vraiment. Personne n’avait envie de le contrarier, c’est d’ailleurs dommage pour lui parce qu’il aurait vraiment dû écouter le chien à temps.

Nicolas faisait le chien, très bien d’ailleurs mais le jour du spectacle, Marilyn Mattéi a joué le chien, Nicolas n’était pas là. La pauvre, elle venait pour les ORGO et les 1TEMSEC et elle est montée sur scène avec nous. Elle était bien aussi.

Alhassane et Colin faisaient le narrateur. C’est un énorme travail. Colin c’est son métier mais Alhassane c’est une performance. Au début, Colin voulait lui donner un peu de texte mais la professeure de français voulait qu’il en ait plus.

Plus on répétait et plus on trouvait que l’histoire était intéressante et amusante aussi. On donnait des caractères aux animaux et c’était drôle.

Madame Frey est venue nous voir.

La professeure de français est venue un matin très contente et nous a dit qu’une musicienne allait nous accompagner lors de la représentation. Nous étions inquiets : Colin, la musicienne, la représentation, les autres élèves. Il commençait à y avoir une pression énorme. Madame Frey est venue à l’atelier, au début, nous lui avons expliqué qu’il y avait une erreur et que nous allions tous sécher le jour de la représentation. Ensuite, nous avons fait la répétition. Monsieur Viollier n’était pas très rassuré. Peut-être pensait-il que la prof exagère. Madame Frey a sorti des instruments africains et des objets pour faire des percussions. Elle accompagnait le texte avec la musique expressive mais douce en même temps, c’était agréable.

Madame Migraine-Georges nous a sauvé pour les affiches

Dans le recueil du conte, il y a des photographies d’objets de l’art africain, c’est très beau. On s’en est inspiré pour faire l’affiche mais sans l’aide de Madame Migraine-George, on aurait pas eu d’affiche. Quand elles ont été sur les murs, on a eu le sentiment que vraiment, on allait le faire.

Le jour de la restitution

Le vendredi 11 février à 10 heures nous avons fait la dernière répétition. Nous étions morts de peur, surtout Aboubakar, peut être moins Mamoudou et Alhassane mais il faut le dire vite. On avait peur tout de même. Malgré le chocolat. Le lycée nous a préparé un goûter délicieux. Les profs et Colin nous ont motivés, nous étions très nerveux.  Quand nous avons vu arriver les gens surtout. Il y avait du monde. C’est impressionnant d’avoir le proviseur au premier rang et autant d’élèves dans la salle. Madame Rosenfeld était à côté de la scène et monsieur Viollier au fond. Il y avait beaucoup de gens debout au fond. Il y a un professeur qui avait installé une caméra. Il y avait des élèves que nous avions croisés dans les couloirs et d’autres que nous ne connaissions pas du tout.

En scène

Sur le devant du foyer, Colin avait installé deux rangées de chaises. Au milieu, il y avait un espace de jeu. Au fond, madame Frey jouait la musique. Colin et Marilyn nous ont beaucoup aidés, parce qu’ils étaient sur scène avec nous. Quand on a commencé, on a oublié le public et on s’est seulement occupé de ce que faisaient les autres.

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Aboubakar

Avec Colin ? j’ai aimé rigoler, il me faisait rire. Il fait des mouvements, il arrive à deviner mon imagination, il motive. Pour faire le bouc j’ai inventé des bruitages et d’avoir une voix grave, une grosse voix. Il m’a aidé parce que quand j’ai essayé, j’ai eu l’impression que ce n’était pas bien et il m’a dit « pas du tout, c’est très bien ». Quand j’avais peur de faire quelque chose, il me disait « je sais que tu peux le faire, vas-y ». J’ai aimé être encouragé, il m’a donné confiance en moi. Mais avant la représentation, j’ai tout de même eu très peur, le trac terrible. Colin était là. Il m’a motivé encore plus, il a dit : « c’est des gens normaux, ils sont comme toi, tu n’as pas besoin d’avoir peur ».

Dès le début, plus de trac, je me suis dit comme les autres sont là, je vais le faire.

Après, j’aurais aimé que le spectacle continue, que j’allais devenir une star, j’étais fier de moi, vraiment vraiment, c’était un bon travail.

Mathias, c’était top. Le fait que le garçon criait seul dans sa chambre comme un fou était bien.

Alhassane

J’ai bien aimé le théâtre et la mise en voix. J’ai aimé la partie qui m’était confiée et que tout le monde soit à fond. On s’est bien amusé. Monsieur Colin était très sociable, marrant et amusant. J’ai aussi aimé la musique, le son et le fait que l’on se sente soutenu par la musique.

Redwan

On a bien terminé. Tous les professeurs étaient heureux et nous aussi parce que faire un personnage ce n’est pas évident et le texte était difficile. J’aime bien cette idée que tout le monde était heureux, même si on a eu peur.