Les Subsistances et Camille Boitel font leur cirque
Le « best of » cette année pour les terminales AFOR c’est l’enchainement visite-spectacle-initiation au cirque. En TTCB, nous avons suivi le guide et sommes allés voir le spectacle de Camille Boitel. Une manière de lier géographie, lettres, sport et petit resto !
Anesty, Lucas, Noam et Vincent en TTCB
La semaine a été dense, en fait après avoir visité les Célestins, nous sommes allés aux Subsistances, autant dire que nous nous sommes intéressés de très près à la manière dont la ville de Lyon organise ses espaces culturels dédiés aux spectacles vivants. La prof a dit là on fait : « français-histoire-aménagement du territoire-citoyenneté et politique de la ville-sport-arts appliqués-arts plastiques-musique-cirque-architecture …… » Trions un peu.
D’abord, il fallait s’organiser : la visite
Nous avons fait la visite avec les AFOR, ils étaient onze et nous cinq donc c’était assez agréable. Nous étions avec Madame Fauveau et Madame Rosenfeld, elles n’ont pas trop bavardé et donc on a pu suivre Claire Leroy. Nous n’étions jamais allés aux Subsistances. C’est un ensemble de bâtiments avec une aile d’un ancien couvent et un ensemble plus récent qui appartenait à l’armée. Notre guide nous a expliqué l’histoire du lieu.
Les constructions les plus anciennes sont celles d’un couvent dont l’architecte était Séraphine d’Honoraty. Elle n’avait pas forcément l’obsession du fil de plomb et ne cherchait pas à respecter des proportions parfaites. Par exemple, l’arc en pierre qui longe le réfectoire des nonnes n’est pas tout à fait droit et à l’étage où se trouvaient les cellules qui accueillent aujourd’hui les artistes en résidence, les linteaux des portes ne sont pas tous à la même hauteur. Les murs ne sont pas très droits non plus. Là les professeurs de gros-oeuvre auraient fait démonter l’ouvrage. Heureusement que ni Monsieur Canu, ni Monsieur Boujakli ne nous ont fait faire le chantier de charpente parce qu’on aurait tout démonté aussi ….. et refait …… l’horreur. Il est donc interdit à Monsieur Perret de visiter les Subsistances. Tout a été rénové et nous avons trouvé le bâti spacieux et plutôt réussi pour un endroit où il y a autant de défauts, on ne touche pas un lieu si poétique … d’après Madame Rosenfeld.
Juste à côté se trouvent des ateliers et un hangar qui a été transformé en salle de spectacle c’est là que nous avons vu Camille Boitel, on en parle après.
On a traversé la cour jusqu’à la verrière, on a quitté l’Ancien Régime pour la Révolution industrielle.
La verrière c’est un toit en verre qui couvre toute la cour intérieure d’un bâtiment rectangulaire. Il servait à préparer des plats, des denrées conditionnées pour l’armée. On l’a pas dit avant mais l’armée a utilisé le couvent quand, après la Révolution, les Visitandines sont parties à Annecy. Il n’y avait pas de troupes mais un immense garde manger. La verrière c’est 1300m2 de cour protégée et lumineuse, fabriquée par l’atelier d’Eiffel. Il y avait aussi une boulangerie, très active durant la Grande Guerre. Il y a dans ces deux espaces des spectacles et dans le reste du bâtiment est installée l’Ecole des Beaux-Arts.
Donc aux Subsistances il y a des gens qui s’occupent de spectacles vivants et des gens qui s’occupent d’arts plastiques. En face, de l’autre côté de la Saône, il y a le Conservatoire Supérieur de musique et de danse. La ville de Lyon est donc dotée d’un pôle de formation aux métiers de la culture et dans les mêmes endroits, on peut voir des spectacles et des expositions dans l’ancien réfectoire. Là se niche le point « aménager la ville » attention ! On recommence : au début, un cloître, puis des locaux de l’armée donc l’Etat qui revend pour un franc symbolique le tout à la ville de Lyon. Là, c’est plus coûteux, il faut tout rénover, avoir un projet, faire en sorte que les gens travaillent ensemble, que les artistes aient envie de venir, que le public vienne aussi et c’est un pôle culturel urbain qui en plus contribue au rayonnement de la ville (sa pub pour traduire).
Acte II. Le spectacle
23 novembre 2017, on est allé en cours et ensuite on s’est tous retrouvés boulevard de la Croix-Rousse. On voulait manger des tacos. On n’en a pas trouvé. On trouvait le Ninkasi trop cher, et sans vexer la prof, pas pour les gens de notre âge. On est allé manger un kebab dans un restaurant en bas du boulevard. Comme il était tôt, nous étions seuls dans le restaurant, c’était étrange mais pas désagréable.
On est ensuite descendu par les escaliers de Duroc aux Subsistances pour voir le spectacle de Camille Boitel dans le cadre du festival « Best of ». Best of the résidences artistiques donc. Résumons-nous : Camille Boitel est venu travailler aux Subsistances, a dormi dans les cellules des nonnes à l’étage où les linteaux sont pas droits et a conçu un spectacle avec des tréteaux de marché, un truc de boiseux !
Il y avait nous et Samuel de terminale AFB, Madame Rosenfeld et Madame Fauveau.
Alors, il paraît que le personnage fait référence à Job
Il a une vie horrible, pleine de souffrances, terrible, on a mal pour lui et on avait mal pour Camille Boitel. Et puis Jean Hus est aussi quelqu’un qui a eu très mal puisqu’il a été brulé en place publique sur ordre de l’église catholique et qu’on considère comme un précurseur du protestantisme. On n’avait pas compris le titre parce que c’est beaucoup de souffrance en début d’hiver pour nous. Ajoutons que sans wikipédia nos connaissances sur Jean Hus et Job seraient au point zéro.
Une entrée en scène surprenante
Un homme tente de marcher jusqu’à la lumière des projecteurs, deux tréteaux à la main et une chaise (non ?). Il est très maladroit, ses gestes ne semblent pas coordonnés du tout mais il secoue dans tous les sens un tréteau. On se dit qu’il va s’emmêler les membres et se casser une jambe s’il continue à secouer ses tréteaux comme ça. Ouf, il finit par réussir à les poser.
Il tente alors de poser une planche sur les tréteaux mais c’est une plaque pas du tout rigide, une sorte de trémie de lattes souples. Il veut s’aider de la chaise pour grimper sur son installation très instable mais n’y parvient pas. On est soulagé remarquez bien parce qu’il serait tombé. Il va alors chercher deux piles immenses de tréteaux et tente de poser sa plaque dessus. On est soulagé pour la seconde fois de le voir échouer. Il en a alors marre et se met à jeter les tréteaux qui s’entassent derrière lui. Il est drôlement costaud Camille Boitel, tout fin, tout sec en apparence mais à ce moment l’effet X-Men est garanti. Il grimpe sur le tas et on se dit qu’il va tomber, que le tas va s’effondrer et qu’on est bons pour téléphoner aux ambulances. Le stress du jeudi soir ce spectacle, franchement. Les lumières s’éteignent, toujours avec Camille Boitel en instabilité sur le tas de tréteaux. Y’a pas d’inspection du travail aux Subsistances ? A ce moment-là un projecteur s’allume en direction de la salle, on est ébloui et quand la lumière devient moins dense, Boitel est recouvert d’une poudre blanche. On ne sait pas trop dire s’il est transformé en vieux, en cadavre, en ….. c’est pas très rassurant.
La scène est rangée par les assistants, ils remettent les tréteaux en piles. Camille Boitel est en train de dire des choses mais elles sont incompréhensibles tout en continuant à maltraiter un tréteau. Il se jette à terre, il semble complètement fou et sort par la porte de secours. Ensuite, il toque pour rentrer. On lui ouvre, heureusement, il fait froid dehors.
Ensuite les tréteaux sont disposés en quatre piles au milieu de la scène avec un projecteur à chaque extrémité. Ils sont montés sur des pieds qui ressemblent à des pattes d’araignées, ça nous fait deux énormes araignées de chaque côté ou quand on ne voit pas les pattes, deux yeux de chats avec des dents entre, ou un labyrinthe, enfin disons que l’imagination du spectateur peut s’épanouir. Une pile se déplace et Camille Boitel la transforme en chenille, en roue, en mille pattes.
Et là c’est la fin.
On a aimé, rien compris mais aimé. Anesty ne sait pas parce qu’il s’est endormi très vite. On a oublié des choses. Par exemple le moment où il dit des choses incompréhensibles, ils doivent être deux sur scène. Camille Boitel est dans une sorte de robe à panier noire et parle dans un micro. A un moment ses pieds sont dirigés vers le fond de scène et il nous regarde, bref, ce n’est pas possible et ça fait mal à voir. On en déduit qu’il y avait quelqu’un sous la robe, contorsionniste d’accord mais faut pas abuser, on ne peut pas être souple à ce point là !
Bord de scène, Vincent est resté
C’est celui qui habite le plus près donc il fait le journaliste de bord de scène. Noam et Lucas avaient plus d’une heure de route pour rentrer à la maison et cours à 8H00, pareil pour les autres.
C’est drôle ou c’est pas drôle ?
Camille Boitel a dit qu’il s’intéresse au grotesque, au comique et à l’absurde. Il aime bien faire rire mais qu’en même temps qu’ils rient, les spectateurs se sentent un peu mal à l’aise de rire. Il utilise le rire grinçant pour « réhabiliter » le fait de parler de problèmes sur scène. A un moment, on ne sait plus s’il va s’envoler ou si les assistants le plaque au sol pour l’empêcher de bouger, on ne sait plus si son corps peut évoluer dans l’espace, c’est drôle mais ça met mal à l’aise. Sait-on toujours si on aide ou empêche quelqu’un en lui tenant les pieds à terre ?
Les « objets involontaires »
Il utilise environ 140 à 150 tréteaux, s’il en manque, on peut en faire à l’atelier. Ce sont des tréteaux de marché qui ne se plient pas et sont renforcés (on comprend) là où ils peuvent être fragiles et se casser aux jointures. A un moment, il n’avait pas beaucoup de sous et il a dû emmener ses tréteaux en train, on comprend aussi pourquoi il ne les emmenait pas tous. Les deux projecteurs et bien c’est sa maman qui l’a aidé à les acheter. Produire un spectacle n’est donc pas toujours évident. Il travaille l’éclairage pour laisser les spectateurs imaginer des choses. Par exemple, quand l’éclairage est faible ou nous éclaire, on imagine des choses sur le plateau. Il s’intéresse aux « objets involontaires », ceux qui ont leur propre vie, comme les marionnettes sans marionnettistes ou les chenilles ou mille-pattes de la fin.
Genre ?
Quelqu’un lui a posé la question de savoir pourquoi il est en robe pendant le spectacle. Il est plus à l’aise en robe qu’en pantalon. Il aime bien jouer avec le genre, il paraît que l’on va nous expliquer ça en cours. Nous les robes, on n’est pas chaud, chaud.
Pour finir on peut dire que l’on a été surpris, impressionnés et que l’on digère la découverte.
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