Bab Assalam, le théâtre de la Croix-Rousse et Cuzin, une aventure contée par les 1TISEC

Tout au long de l’année les 1TISEC ont découvert ou approfondi leurs connaissances des arts de la scène grâce à l’accueil chaleureux du théâtre de la Croix-Rousse et un projet inter-établissement financé par la Région Auvergne Rhône-Alpes. Compte rendu.

 

Un grand doute en début d’année.

Kenny se souvient de l’accueil en début d’année. Madame Rosenfeld s’est présentée : « bonjour, je suis votre nouvelle professeure de français, cette année, nous allons mener un projet de théâtre et écrire un conte. Nous allons travailler avec des musiciens. ». À ce moment là, peut-être un peu par provocation, peut-être parce qu’il le pensait vraiment, il a dit «  et si on n’aime pas le théâtre ? » et s’est entendu répondre  « et bien, ici c’est l’école et vous en ferez tout de même ». C’était clair, c’était le bagne, annoncé boom comme ça, sans chichi en face du professeur principal qui semblait en avoir vu d’autres. Bon. Pour être tout à fait sincère, on n’avait pas envie de participer à un projet. On est trop occupé, on a d’autres choses à faire, on aime pas lire en plus. Mais bon.

La découverte des contes, des rythmes et des instruments orientaux

Nous avons rencontré la compagnie Bab Assalam et Sally Poulain pour le théâtre de la Croix-Rousse. Khaled et Mohanad Aljarami ne parlaient pas beaucoup mais savaient vraiment jouer du oud. Raphaël Vuillard nous a lu un conte, celui du citron qui sert de test pour sélectionner les prétendants. C’était amusant mais aussi intriguant parce que la princesse se préoccupait plus de générosité et d’intelligence que de l’argent des princes charmants. Ensuite, nous avons appris une chanson, « mama », qui met en scène un personnage exilé qui pense à sa mère. Nous avons fait des exercices de rythme en groupe, nous en avons appris trois, c’était divertissant et sympathique de le faire en groupe. Nous avons parlé des musiques orientales qui accompagnaient les caravaniers lorsqu’ils traversaient les déserts. Ayoub adorait déjà le oud, Zinédine ne savait pas du tout ce que c’était, il a trouvé ce moment magique. A ce moment là, nous avons accepté l’idée de faire un spectacle. Soyons honnêtes, la galère commençait à se transformer en voyage oriental et ce n’était pas désagréable. On ronchonnait bien un peu par principe mais l’esprit était ailleurs. Plus tard, nous avons rencontré Philippe Barbier qui joue de la guitare électrique.

 

Photographie Bab Assalam
Photographie Bab Assalam

Visite du théâtre de la Croix-Rousse, rencontre avec la classe de Madame Mansard et de belles sorties

L’atmosphère était détendue. Nous avons visité le théâtre de la Croix-Rousse en compagnie de la classe de première L du lycée Albert Camus de Rillieux. Nous avons discuté avec un régisseur et même visité les loges, nous avons adoré ça. La professeure de la classe d’Albert Camus est Madame Manuard. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour discuter entre nous, on peut améliorer ça l’an prochain ? Franchement, ça fait un bien fou de travailler avec des classes où il y a des filles, les ambiances de garçons au lycée sont pesantes. Le problème n’est pas de draguer, c’est juste que l’on finit par tourner en rond entre gars. La classe de Rillieux est ensuite venue répéter à Cuzin. Nous ne faisions pas les fiers, nous étions un peu intimidés et eux aussi. Après, ça allait déjà mieux. Il faut dire que les musiciens menaient bien les choses et qu’ils ont eu une bonne idée : intégrer ce que nous aimons dans le spectacle. Raphaël, le saxophoniste (en vérité il joue tellement d’instruments à vent qu’on devrait l’appeler l’orchestre des vents), après avoir discuté avec nous, s’est rendu compte que nous aimons le hip hop et que dans notre classe Brian le pratique. Dans la classe de Madame Manuard, il y a aussi une danseuse de hip hop, Lindsay. Nous avons intégré un moment dansé dans le projet.

repete-cuzin_babasalam_2016-2853-2

Parallèlement, nous écrivions des contes et allions au théâtre. Vous avez lu les critiques de J’ai horreur du printemps et de Fugue dans la gazette de Cuzin ?

https://gazettelpcuzin.wordpress.com/2016/03/08/fugue-de-samuel-achache-intrigant-et-drole/

https://gazettelpcuzin.wordpress.com/2016/02/12/jai-horreur-du-printemps/

L’écriture du conte et la mise en spectacle

Bab

Et puis, nous élaborions notre conte. Nous avons commencé par en écrire chacun un. Zinédine a pris son stylo et n’avait pas d’idée parce qu’il n’était pas très intéressé. Nous avons lu les contes et là Zinédine a eu envie de compléter ses premières lignes, il a fait une histoire de pirates heureux. Ensuite, nous en avons sélectionné un qui nous a servi de colonne vertébrale : l’exil de Mawugnon le cuisinier, si fort que personne n’avait envie de l’embêter. C’est l’histoire vraie de l’exil de l’ancêtre d’un élève de la classe. Nous avons modifié son itinéraire pour intégrer nos propres histoires, parfois celles des nos propres ancêtres, parfois de pures fictions. À la fin, nous avions un conte. Brian a trouvé qu’écrire son conte est assez facile mais qu’ensuite, il fallait se concentrer beaucoup, travailler à douze n’est pas simple. Il faut réfléchir et écouter les autres en même temps. Madame Rosenfeld avait fait un grand tableau. Un un peu de syntaxe, un brin de lexique, un peu de rythme de phrase collé au rythme de la musique et hop, on le trouvait pas mal. Bien même. Très bien défendent certains.

On a tout envoyé à Bab Assalam, c’était leur tour. Pour résumer la situation, tout le monde corrigeait tout le monde et on peut reprendre les conclusions de Thomas et Zoubir : on rédige tous mieux et on a progressé tous à l’oral. On a aussi bien rigolé. À ce moment là, nous avons eu besoin d’une affiche et Madame Migraine-Georges nous a aidé. Raphaël, Madame Manuard et Madame Rosenfeld ont coupé le texte, les ont mêlé et réparti entre les élèves. Tanguy et quelques autres été stoïques…. durant les découpes. Raphaël était sur des braises, on ne pouvait pas proposer un spectacle de deux heures…

La tension monte

Après, répétitions ! N’allez surtout pas penser que c’est parce que l’on a écrit un texte que l’on parvient à le dire en public et encore moins assez fort pour être entendu ! Un calvaire pour Zoubir, une épreuve pour Julien mais faut y aller, Zinédine est d’accord, une lutte pour Thomas, pas si difficile pour Cédric, facile pour Rami, Kenny au top, David n’a peur de rien, Tanguy reste calme, Ayoub n’a pas eu le temps de stresser. Brian a assuré comme un lion. On s’est serré les coudes. Dans ces moments là, on est vraiment content d’avoir une classe de vrais copains.

Spect_Conte_Bab assalam-2919

En scène, 28 avril 2016

Spect_Conte_Bab assalam-2875

La semaine du 25 avril c’était le stress, des CCF, des devoirs en retard. Madame Rosenfeld énervée. Le 28, Ayoub faisait sa journée d’appel, El Morli était absent. Répétition dans l’atelier, même Monsieur Belmeliani était concentré. Il a expliqué quelques gags que nous avions glissés dans l’histoire et que les autres adultes n’avaient pas du tout compris. Sourire. Goûter. En route pour le théâtre. Arrêt pour acheter des fleurs, pas question de se comporter en grossiers personnages. Arrivée sur le parvis, un quart d’heure de détente. Madame Rosenfeld est allée chercher des vivres, on avait encore faim. Les élèves d’Albert Camus sont arrivés petit à petit. Nous sommes montés jusqu’au foyer et nous avons répété. La tension montait. Ayoub était arrivé à temps, enfin. Retour dans le hall, goûter.

Les premiers spectateurs sont arrivés. Il y avait le proviseur, la documentaliste, Madame Migraine-Georges, des enseignants qu’on ne connaît pas. Heureusement qu’il n’y avait pas trop de parents. Ils n’étaient pas nombreux, entre les horaires de travail, les distances à parcourir et les petits à faire garder, rares sont ceux qui soient parvenus jusque dans la salle. Certains le regrettent, d’autres trouvent que ce n’est pas très important, d’autres enfin qu’on s’organisera mieux l’an prochain. Ils ont tous aimé les photos, merci Monsieur Grappe.

Pendant que le public s’installait, nous avons tenté de ne pas nous déconcentrer ni faire trop de bruit dans la salle à côté. Puis nous sommes entrés et nous nous sommes mis en place.

Et là, on ne se souvient plus très bien, on était très concentré, tout s’enchaînait et ça semblait se passer très bien. On s’était très bien organisé entre nous. Ceux qui se sentaient débordés n’avaient qu’à faire un signe à sa doublure et hop, relais. Le public n’a rien vu, on en est sûr. Madame Rosenfeld oui, bon, c’est normal. Sally ? Ah ? Bon. Musique, début du premier conte, enchainement avec le second, musique, rythme, danse, en choeur « Mama ». Un bravo spécial pour Rami, Kenny a réussi a enchainé son accumulation. On n’a toujours pas compris comment Brian parvient à enchainer les rythmes, le texte, la danse sans s’essouffler, on salue, c’est tout. Sally soutient que Rami devrait tenter le cinéma. Il doit passer son bac d’abord rectifie Madame Rosenfeld.

Spect_Conte_Bab assalam-2952

Raphaël a fait reprendre les rythmes et chanter la salle. On a adoré la musique et on trouve que les danseurs étaient formidables. On l’a fait ! Le 28 avril est le jour de l’anniversaire d’Ayoub, il a adoré son anniversaire ! Applaudissements ! Distribution des roses ! Applaudissements ! C’est très agréable. Sourire, fierté. La directrice adjointe du théâtre nous a félicité. On est content.

Le spectacle de Bab Assalam, en salle le 29 avril au soir

Satellite

Un dernier verre au bar du théâtre et vite au lit. le 29 au soir, nous étions dans la grande salle, confortablement installés pour voir le spectacle de Bab Assalam. Direction l’orient. La beauté de sa musique et l’amertume de la guerre. C’était beau. Les musiciens étaient merveilleux, on a adoré entendre Raphaël, il fait une musique « planante », non ? Et puis toute la classe voulait voir les frères Aljarami jouer et là, comment dire ? Faut aller les voir, voilà. Et on s’est vraiment rendu compte qu’à force d’entendre les instruments et la musique, on s’imprègne et on entend, on écoute mieux. Ayoub adore le oud, il trouve que cet instrument est vraiment magique et délicat. La classe est unanime sur le sujet.

On doute beaucoup moins

La classe est heureuse d’avoir participé à l’atelier. David a trouvé que tout était bien organisé. Kenny est content, il estime qu’il lui a ouvert l’esprit sur un monde littéraire et musical qu’il ne connaissait pas, Zinédine, Ayoub, Thomas et Zoubir acquiescent sans réserve. Madame Rosenfeld est donc ravie de l’avoir imposé. Ahahah. Ayoub a aimé travailler avec une autre classe et referait bien un autre projet, avec plaisir. Tanguy aussi mais il voudrait jouer une pièce avec des personnages et des dialogues. Zinédine a aimé le travail collectif, il a pu écrire son histoire et l’enrichir, construire avec les autres.

 IMG_4584

Thomas et Zoubir trouvent que les musiciens leurs ont permis d’avoir confiance en eux. Brian a trouvé que le projet était vraiment enrichissant, on peut recommencer. Plus de danse peut-être aussi ?

Madame Manuard a elle aussi trouvé le temps de permettre à ses élèves de réagir au projet.

Vous en trouverez une sélection en allant sur ce lien http://dl.free.fr/tdneESKIP. Si vous regrettez de ne pas être allé au spectacle, en voici quelques extraits proposés par la classe des élèves de première L du lycée Albert Camus, http://dl.free.fr/qEOXZoyou

Voici ce que ses élèves ont pensé du projet :

Edouardo : « L’expérience avec le lycée Cuzin était très enrichissante car elle nous a permis de connaître d’autres gens et nous faire découvrir un peu le théâtre et les sensations différentes quand on était sur scène. Même avec le peu de séances qu’on a eu pour répéter, je pense que le groupe a réussi à bien se synchroniser avec celui du lycée Cuzin ce qui a rendu cette expérience encore plus parfaite. »

Louanne : « Au début, être au courant du fait que j’allais devoir faire du théâtre ne m’emballait pas plus que ça mais le travail réalisé par Bab Assalam était tellement bien que ça m’a plu. Le fait de travailler avec une autre classe y joue aussi et c’était super. Je n’oublierais jamais cette expérience, le message qu’ils m’ont transmis sur l’exil était beau et respectable. »

Sophie : « Quand madame Manuard nous a parlé de ce projet en premier lieu, cela m’a beaucoup intéressé car j’aime être en contact avec d’autre personnes. Je suis quelqu’un de très sociable alors le fait d’échanger avec des gens complètement différents de nous était vraiment quelque chose de nouveau car pour la plupart, nous ne nous connaissions pas. C’était une très belle expérience, le groupe Bab Assalam est extraordinaire et représente un message magnifique à mes yeux. J’ai appris énormément de choses auprès d’eux et aussi auprès de la classe avec laquelle nous avons travaillé. Le théâtre n’est pas ma tasse de thé mais ce projet m’a permis de me produire devant des personnes et cela m’a aidé à me sentir beaucoup plus à l’aise devant un public que nous ne connaissons pas. Je souhaite de vivre cette expérience car elle est inoubliable. Merci à ma professeure de français car sans elle, le projet n’aurait pas eu lieu et elle s’est vraiment surpassé afin qu’il puisse être réalisé. »

Lindsay : « C’était une expérience agréable, j’ai bien aimé. J’étais peu réceptive par rapport à la rencontre avec l’autre classe et le théâtre car en général, ce n’est pas vraiment mon truc. Mais au final, c’était cool de danser avec Bryan même si je n’étais pas très enthousiaste au départ. »

Spect_Conte_Bab assalam-2956FLOUTEE

Tahmina : « Cette année, nous avons eu la chance de participer à un formidable projet, aux côtés de la classe de première TISEC ainsi que des talentueux musiciens du groupe Bab Assalam. C’était une expérience inoubliable, et j’aimerais remercier toutes les personnes qui l’ont rendue possible, à commencer par ma professeure de français, Madame Manuard, ainsi que le théâtre de la Croix-Rousse. Travailler avec les garçons de Cuzin était vraiment amusant, et le spectacle final était génial. »

Zoé: « J’ai trouvé cette expérience très enrichissante car nous avons pu écrire notre propre conte, il s’agissait d’une histoire toute droit sortie de notre esprit et qui nous plaisait donc forcément. Mélanger notre conte à celui du lycée Cuzin était tout aussi intéressant car nous avons pu voir ce qu’eux ont écrit et nous avons ainsi pu travailler avec eux. Nous avons aussi travaillé avec la compagnie Bab Assalam avec qui nous avons appris des rythmes ainsi qu’une chanson. Ces moments étaient très divertissants. »

1TISEC, Judith Rosenfeld, Nathalie Bourlez et merci à Laurence Manuard.