Rencontre avec Laurent BURLET, journaliste pour Rue89Lyon.fr et soutien précieux du comité de rédaction de la « gazette du lycée André Cuzin »

Les jeudis 26 novembre et 3 décembre 2015, le journaliste Laurent Burlet est venu rencontrer le comité de rédaction de la gazette du lycée André Cuzin. Nous avons parlé du métier de journaliste, de la presse et bien entendu demandé des conseils pour améliorer notre gazette. Compte rendu.

 

Comment Laurent Burlet est devenu journaliste et quel est son métier ?

Quand il était petit, Laurent Burlet aimait lire la presse et les actualités. Après un baccalauréat, il a fait des études de sciences politiques puis des stages à l’étranger pour perfectionner son anglais.
Ensuite, il a commencé à travailler dans un hebdomadaire qui s’appelle Lyon Capitale. Au bout de quelques années, il n’était plus d’accord avec certaines idées défendues par la direction du journal. Il a tenté d’infléchir la ligne éditoriale mais sa direction a refusé et l’a licencié.
Laurent Burlet a ensuite rejoint l’équipe de Rue89 plus proche des idées qu’il peut défendre.
Il a ainsi créé en novembre 2011 l’antenne locale de Rue89 à Lyon qui s’appelle Rue89Lyon.fr
Quand on est journaliste à plein temps, on peut au bout de trois mois demander une « carte de presse ». La carte professionnelle permet d’attester de la qualité de journaliste et de légitimer une demande d’information au nom de la liberté de la presse.
Les contraintes du métier sont qu’il faut parfois être très disponible : tout dépend de l’actualité. Certains journalistes ont des postes plus dangereux que d’autres, ceux qui restent dans les rédactions risquent moins leur vie que les journalistes qui tentent de nous informer en allant sur les lieux de conflits. Pour le reste, les journaux sont des entreprises comme les autres avec le même type de contraintes.

Pourquoi avoir choisi un journal en ligne ? Pourquoi le journal s’appelle-t-il Rue89 ?

Les journaux en ligne se sont beaucoup développés et aujourd’hui la majorité des lecteurs s’informent en ligne. Le journal le plus lu est Le Monde.fr. Les journaux en lignes permettent de développer l’interactivité. Les lecteurs peuvent réagir plus vite, ils peuvent contribuer en envoyant des articles, cela intéresse beaucoup Laurent Burlet.
Rue89 fait référence à la rue mais aussi à plusieurs dates symboliques : la création d’internet (world wide web), la chute du mur de Berlin – en 1989 – et la Révolution française – en 1789 -, moment très important pour la liberté de la presse.

Les élèves lisent-ils la presse ?

Aïe, il a posé la question ! Les élèves s’informent avec la télévision, lisent parfois les gratuits dans l’autobus. Beaucoup s’informent en consultant les messages qu’ils reçoivent par leurs comptes « facebook ».
Certains élèves soulignent qu’ils ne consultent plus les informations parce qu’il y a trop de fausses nouvelles (Hoax) et des trolls qui dénigrent tout. Laurent Burlet insiste sur le fait que les journalistes sont des professionnels qui sont amenés à vérifier les informations qu’ils diffusent. Ils ne sont pas infaillibles mais les autres professionnels les lisent et les corrigent en cas d’erreur. Les médias sont un tuyau où passent le pire et le meilleur et donc il faut apprendre à lire plusieurs organes de presse pour se faire sa propre opinion. Il est important que la presse ait un rôle contradictoire, que l’on donne la parole à tous.
Par exemple dans l’affaire Benzema, une polémique qui a été très diffusée a un impact important sur la vie privée et professionnelle des personnes impliquées. Le premier ministre a déclaré qu’il ne veut pas que Benzema participe à l’équipe de France parce que le football doit symboliser l’union nationale. D’autres veulent écarter Benzema parce qu’il s’est fait des ennemis dans l’équipe ce qui peut nuire à la réussite du groupe. Il est nécessaire que tous puissent s’exprimer pour que le public puisse réfléchir sur ces débats : les joueurs doivent-ils être des symboles de moralité ? Pourquoi en faisons-nous des héros ?

Qui fait quoi dans la presse ? Comment les journalistes s’informent-ils ?

Les journalistes peuvent faire des reportages et les soumettre à des comités de rédaction s’ils sont pigistes (autrement dit, journalistes indépendants). C’est le cas de certains grands reporters ou des journalistes de guerre. Plus généralement, les rédactions décident de ce qu’elles vont rédiger en fonction de l’actualité. Elles sont abonnées à des agences de presse qui disposent d’un réseau mondial comme l’Agence France Presse ou Reuter qui diffusent majoritairement des informations brutes, sans commentaires ni débats d’idées. Parfois les journaux les réécrivent pour les rendre plus agréables à lire. Parfois les rédacteurs en chef confient à un journaliste le soin de développer les informations, à l’aide de témoignages, de données chiffrées, de commentaires d’experts, de compléments qui peuvent être des photographies ou des schémas. Laurent Burlet s’informe aussi à l’aide de sites spécialisés et à l’aide de réseaux sociaux tels Twitter.

Que peut-il nous dire sur les attentats du 13 novembre à Paris ?

Laurent Burlet a insisté sur le fait qu’il n’était pas à Paris et n’a pas couvert lui-même les événements, il ne peut que nous rendre compte de ce qui a été diffusé par la presse. Par contre, il peut nous parler de ce qui s’est passé à Lyon. La Fête des Lumières a été annulée et dans le week-end qui a suivi les attentats, les fédérations sportives et les salles de spectacle ont dû décider si elles maintiennent les rencontres sportives.
La situation à Lyon est très tendue, il y aurait eu des interventions musclées, notamment place Guichard (ça il ne peut pas le confirmer…) et l’état d’urgence permet à la police d’intervenir à tous moments. Des armes ont été trouvées à Feyzin: un lance roquette, des kalashnikovs et plusieurs grenades. Par contre, il y a eu beaucoup de fausses rumeurs : des messages ont circulé sur internet disant qu’il y avait des bombes à La Part-Dieu. C’était complètement faux. Laurent Burlet conseille vivement de ne pas lire n’importe quelle information et de se fier aux professionnels que sont les journalistes dans des cas semblables.